Rencontre avec Pascal Bresson, scénariste et dessinateur de bande dessinée

À l’occasion du Festival d'Angoulême, nous avons échangé avec Pascal Bresson, scénariste de bande dessinée, illustrateur et auteur de livres pour la jeunesse. 

Tombé très tôt dans la “marmite” de la Bande Dessinée en découvrant les enquêtes de Ric Hochet dans le journal "Tintin", Pascal Bresson a appris le métier auprès de deux illustres auteurs du 9e art : Tibet (Ric Hochet) et René Follet... Il a commencé sa carrière d’illustrateur dès 19 ans, dans des fanzines et dans la presse régionale. Il mène depuis quelques années, un combat pour le devoir de mémoire grâce à ses romans graphiques. Il a signé une quarantaine de livres au cours de sa carrière, dont Florence Arthaud, femme libre, Simone Veil - L'immortelle, et Beate et Serge Klarsfeld : un combat contre l'oubli.

Vous pourrez d'ailleurs le rencontrer le 8 mars prochain à 18h lors d'un évènement organisé par l'Institut français Milano et la librairie William Crocodile.

 

Quelles sont les raisons qui t’ont amené à faire de la bande dessinée ?

Pour moi, la BD, c'était vraiment du cinéma sur papier, quand j'étais petit et que je voyais Tintin ou Ric Hochet. J’ai tout de suite accroché. J'ai eu tout de suite envie de raconter des histoires. 


La BD, c'est de la lecture ?

La bande dessinée a été longtemps boudée, c’est vrai. Mais depuis, elle a vraiment prouvé qu'elle avait ses lettres de noblesse. Je connais énormément de gens qui ont appris le français et la lecture grâce à des BD, comme Tintin ou Astérix.  Lire, ce n'est pas forcément lire que des classiques ou des romans. La BD, le manga, c'est aussi de la lecture, il y a du texte, du dialogue, de la narration.

La bande dessinée, c'est aussi un bon support quand on veut aborder des sujets qui sont importants. Et puis grâce au dessin, une approche esthétique est possible.  


Qu'est ce que l'image apporte aux mots ?

En règle générale, c'est le dessin qui sert l'histoire. Pour faire une bande dessinée, on commence toujours par l'histoire, par les idées, par les personnages et après c'est le dessin qui va se mettre au service de l'histoire. Un beau dessin ne peut sauver une mauvaise histoire. Je trouve que le métier de scénariste est même plus important que celui de dessinateur.

Et parlons aussi du coloriste qui donne de la vie à la bande dessinée et qui a un rôle extrêmement important. La BD c’est ces trois corps de métier qu’il ne faut pas séparer. 


Avec tes romans graphiques sur Simone Veil et sur le couple Klarsfeld, nous avons pu découvrir que l’on pouvait utiliser la BD pour raconter l'Histoire avec un grand H. Il nous semble que ce media est bien adapté à la transmission. L'histoire en BD, une bonne idée pour toi ?

C’est vrai que l’on a maintenant  des générations de l'image. La plupart sont découragés par les gros livres, et la BD est un médium qu'ils appréhendent plus facilement. Avec la BD, on peut divertir, mais aussi toucher les jeunes générations sur des sujets importants. On peut tenter par la BD de leur inculquer des idées, des principes, pour construire un monde meilleur. La BD, c'est une façon de leur mettre en main justement quelque chose qui va être abordable pour ensuite pouvoir approfondir le sujet. 


Comment as-tu fait pour rendre notamment ta BD sur Simone Veil, si puissante, si réelle ? À la lecture de ce roman graphique, on se sent à chaque fois présent, prenant part à l'événement, comme une petite souris spectatrice discrète ?

Je pense que ça vient peut-être de ma formation théâtrale, j'ai toujours appris qu'il fallait se mettre dans la peau du personnage. Et puis j’ai eu la chance de la rencontrer. Pour faire mes bandes dessinées, j’aime rencontrer les gens, créer une connexion. Simone Veil, j’ai eu l’occasion de la rencontrer 3 fois, de sentir son parfum, de saisir son regard, son environnement, je m’en suis vraiment imprégné. 


Est-ce que c'est facile d'arriver devant les gens et leur dire je vais dessiner votre histoire ? Est-ce que les gens s'ouvrent avec cette idée de dessin ?

À chaque livre que j'ai pu faire, j’ai rencontré les gens, il fallait les convaincre. Et à partir du moment où ils te font confiance, ils t’oublient, et te laissent observer. 

Pour les Klarsfeld, c’était très émouvant quand je leur ai montré la BD, et surtout quand leurs petits-enfants l’ont vu. Ces ados ont découvert qu’ils avaient des grand-parents super-héros. J’ai passé du temps à leur côté, au sein de la famille, je les voyais 3 jours par mois. Je ne dessinais pas devant eux mais notais des choses : la façon dont Serge se lève, comment il répond au téléphone, la douceur avec laquelle il parle à sa femme, etc.


D'où vient ton intérêt pour la seconde guerre mondiale et cette période là de l’histoire ? 

Je pense que cela vient de mes grands-parents. Moi, j'ai été bercé au devoir de mémoire avec mes grand-parents. Mon grand-père avait participé à la libération de Paris avec De Gaule et Leclerc et ma grand-mère était dans la résistance à Reims. Ils m’en ont beaucoup parlé et moi ça m’a passionné. Quand j’ai commencé à avoir un nom dans la BD, j’ai eu envie d’en faire quelque chose, de transmettre.

J'avais surtout envie de parler du génocide de la Shoah. J'ai fait tout un travail sur le devoir de mémoire. Quand on met un pied dedans, c'est très difficile d'en sortir parce qu'il y a tellement de choses à raconter.  J'essaye de comprendre des choses qui sont incompréhensibles. Je n'ai pas la prétention d'être historien, mais c'est un sujet que je connais. Je traite le sujet depuis 1994.

Si tu avais l’occasion de présenter un seul de tes projets au monde entier, lequel serait-il ? Pourquoi ?

Sans hésiter, mon roman graphique sur Simone Veil. Cette rencontre fut importante pour moi. J’ai ressenti beaucoup d’ondes positives à la sortie du livre. C’est une femme universelle par ses combats, par ce qu’elle représentait, par son humanisme surtout. Ce livre-là est magique du début jusqu’à la fin pour moi.


Quels sont les jeunes auteurs de BD qui t’intéressent en ce moment ? 

Franck Le Gall, Zep aussi et Riad Sattouf. On a démarré ensemble. J’ai lu aussi une BD de Marion Rousse, une jeune dessinatrice qui a fait un roman graphique très beau. 


Quel est le livre jeunesse qui t’a le plus touché enfant ?

Les Trois Brigands de Tomi Ungerer. Il y a une magie dans son dessin. Je m’en souviens encore. Je l’ai en trois exemplaires. J’aime l’offrir aussi.

 

 




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